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Un grand potager, des vaches, des volontaires de partout, et des rires à la finca Gabeno!


Aux alentours du 6 février, notre séjour à Bogota terminé, nous avons pris la direction d'une nouvelle ferme ! C'est à Tenjo que nous sommes allés, un petit pueblo dans la campagne à 40 minutes de la capitale. Situé sur la plaine de Bogota, à plus de 2500 mètres d'altitude entre les montagnes, on y fait paître les vaches, parfois des chèvres et on cultive de nombreuses fleurs coupées.


Après un trajet en bus bien secouant, (la faute à une faille sismique sur la route, parait-il !) et un peu de marche, Laura nous accueille pour se rendre à la finca via les routes de terre, bien poussiéreuses avec la sécheresse ! Le chemin est bordé de nombreux eucalyptus et mimosas, arbres devenus invasifs ici.

Laura, une jeune femme de 26 ans, pleine d'énergie et au rire reconnaissable entre mille, est l'actuelle gérante de l'exploitation. C'est elle qui a la responsabilité du potager, des vaches, des ventes, des ouvriers... et des volontaires !


La ferme, d'une surface de 6ha, est avant tout une exploitation maraîchère avec son potager très productif d'un peu moins d'un hectare entouré de pâturages pour les quelques vaches (1).


Le travail se fait beaucoup avec l'aide des volontaires, nous sommes en effet nous trois, plus deux gringos (comme on appelle les américains ici) : Eric et Andrew. Et une autre, Jessie, qui est arrivée quelques jours plus tard. S'ajoute à cela une stagiaire colombienne hyper-dynamique, Noreli, un saisonnier, Raoul ainsi qu'un employé incollable sur l'agriculture biologique et biodynamique, Lucho.


Et on va vite comprendre que tout ce petit monde va être mis à contribution, le potager nécessite un travail intensif pour entretenir et renouveler les cultures. Ajouter à cela la préparation des commandes le lundi matin, le travail dans le poulailler, à la pépinière pour produire les plants de légumes, la traite des vaches... pas vraiment de temps mort !



Petit point sur le climat : à 2500 mètres d'altitude, on a beau être prêts de l'équateur, on ne se sent pas vraiment sous les tropiques. Si les belles journées peuvent être chaudes (et le soleil ardent à cette altitude!), les nuits sont bien fraîches (dur dur parfois d'attaquer à 6h30!). De ce fait, les cultures tropicales sont rares. Pas de bananiers ou cocotiers, on trouve majoritairement des légumes européens ! Salades, carottes, choux, poireaux... la totale de nos potagers traditionnels, et le petit verger abrite même quelques pommiers, poiriers et pruniers ! Il y a tout de même des plantes plus traditionnelles d'ici, puisque originaires des Andes : maïs, quinoa, haricots. Nous faisons aussi quelques découvertes comme la chia, une graine super nutritive, le yacon, un tubercule sucré plein de bienfaits ou encore la papaye des Andes, petite et jaune qui se cuisine. La différence tout de même est que les températures ne changent jamais, et on peut cultiver toute l'année, pour peut qu'il y ait de l'eau afin de faire face aux périodes de sécheresse.

Ici les étés peuvent être très secs, cela à cause d'une particularité climatique qui régit le climat de toute la cordillère des Andes : les phénomènes El Niño et La Niña (2). Bien qu'habitués, les habitants des Andes doivent faire face à des fluctuations de plus en plus extrêmes car vraisemblablement accentuées par le changement climatique. Sécheresses prolongées, inondations... le climat ici devient de plus en plus compliqué à gérer et problématique. Mais la finca possède cela dit un atout majeur : un sol volcanique super fertile, aussi noir que du terreau, sans un caillou ! Tous les travaux du sol se font à la main (de quoi attraper quelques suées tout de même) mais cela fonctionne très bien.



Le potager est organisé en une multitude de petites planches. Une bonne partie des plants cultivés sont issus de la pépinière de la finca ou semés sur place. Une autre partie doit être quand même achetée à des fournisseurs.


Mais le point noir vient surtout de l'origine des graines. Si certaines sont récoltées sur place quand cela est possible (haricot, petit pois, radis...), la plupart sont des semences industrielles issues de variétés des Etat-Unis, enrobées de pesticides ! En Colombie, il est très compliqué, voir presque impossible de se fournir en plants et semences biologiques ou paysannes...


Au delà de cela, la finca adopte des pratiques agronomiques écologiques très intéressantes : paillage et compost maison, ainsi que quelques recettes biodynamiques dont Lucho a le secret. On retrouve l'abono (celui-là, on l'a déjà vu à la finca Biamonte souvenez-vous) qui consiste ici en une superposition de différentes couches à base de bouses de vache, de déchets végétaux herbacées (tendres), un peu de chaux et arrosé de biol.

Hein ? De biol ? Késako ? Et ben le biol justement, c'est aussi une nouveauté pour nous. Cette nouvelle recette, toujours plus appétissante, consiste à mélanger eau, bouse de vache (encore et toujours, qu'est ce qu'on ferait sans !), un mesclun de différentes plantes fertilisantes et répulsives (camomille, sureau, radis fourrager, trèfle, mimosa, cannes et quelques herbes sauvages), de différents minéraux (bore, cuivre, fer...), le tout mis à reposer un mois. La préparation hyper-fertile s'utilise donc dans l'abono, mais aussi en pulvérisation sur les cultures, servant de stimulateur de défenses naturelles, de fertilisant, ainsi que d'activateur biologique pour le sol grâce à ce véritable bouillon de cultures !


Un lombricompost a également été mis en place. Il s'agit de deux grands bacs remplis de bouse de vache, couverts d'une bâche noire et tenus au chaud. Les vers de terre ou lombriques y prolifèrent, réduisant les bouses de vache et autres matières organiques en un fin terreau, qui s'utilise pour la pépinière et pour semer dans le potager.


Une autre pratique biodynamique courante appliquée ici est le travail avec la lune. Un calendrier lunaire permet d'élaborer le planning des travaux. On coupe et on arrache en lune descendante, on plante et on sème en lune montante !


Le potager, bien que respectant les règles d'une agriculture biologique durable, est un lieu de production particulièrement intensif. Il n'y a ici pas ou peu de jachères (terre laissée en repos, sans culture, durant une saison ou plus). On veille simplement à ne pas replanter des légumes ayant les mêmes besoins ou des maladies en commun les uns après les autres, pour éviter l'appauvrissement du sol ainsi que la prolifération de maladies (rotation des cultures). Ici, le sol de très bonne qualité, semble bien suivre la cadence et garde sa fertilité ainsi que sa biodiversité. Pour preuve, il y a plein de lombriques et on trouve même de nombreuses grenouilles et couleuvres (inoffensives, d'à peine 20-30cm, de gros vers de terre quoi).

Le poulailler, seconde activité de la ferme, regroupe environ 200 poules donnant tous les jours une centaine d'oeufs. Celles-ci ont le luxe d'être en partie nourries par les légumes du potager, invendables ou en surplus. On leur donne aussi un mélange de jus de citron et d'ail, un super antibiotique naturel pour combattre en préventif les épidémies, courantes dans les élevages.


Enfin, on fait la traite de 2 vaches laitières chaque matin, à 5h, pour récolter environ 6 litres de lait. Celui-ci est vendu tous les matins à un grossiste ou aux particuliers le lundi. Le lait sert aussi à fabriquer yaourt et fromage (à l'origan, basilic... délicieux ! Enfin un fromage digne de ce nom !) qui sont vendus sur un petit marché de producteurs à Bogota au sein d'une maison culturelle.

Eh oui, pas le temps de s'ennuyer à la finca Gabeno ! Le travail est parfois dur (on se souviendra longtemps de la parcelle de prairie à retourner à la main...) mais tout cela se fait dans la joie et la bonne humeur. Ça chante, ça rit et il y a même un glacier qui vient faire sa tournée de temps en temps ! Les grandes occasions comme les départs ou arrivées peuvent être l'occasion pour faire une petite fiesta autour du feu et au passage sacrifier une poule ou un coq (pas beau à voir!) !


Ainsi, ces 15 jours ont aussi été une première approche de la vie dans les veredas (campagnes) colombiennes. Cela nous permet de mieux comprendre ce pays d'une diversité et d'une beauté inouïes, peuplé de personnes vraiment généreuses et débordant de joie.


Vivement la suite !






Le lot habituel d'anecdotes bien entendu :


Un matin, le veau s'est échappé et est allé téter tout le lait d'une des vaches, résultat : une petite course poursuite à 5h30 du matin ! Le veau était plus réveillé que nous... Et rebelote un autre matin avec une vache !


D'ailleurs, on a trop aimé faire la traite à la main au petit matin!


On était avec des Américains écolos, ce qui a un peu changé nos clichés sur les States !


Notre maison, c'était un peu rustique : coupures d'eau et parfois même électricité à répétition, eau froide sortant d'un tuyau pour la douche, fuites du gaz de la cuisine, frigo mal en point, et matelas un peu durs,... Aller on arrête là, car c'était secondaire et en fait on en rigole plus qu'autre chose !


Noreli, la stagiaire pleine d’énergie, est fan de musique populaire (genre fun radio ou nrj d'ici) et allumait la télé sur la chaîne des clips musicaux à fond et chantait tout les soirs et aussi le dimanche matin à 7h, au grand désespoir de certains...


On est sortis faire la fête pour notre dernier soir, à 9 dans la voiture !


Bon, ces 15 jours n'ont pas été que fête, car Maxime et Cléa ont eu leur lot de mésaventures pour le voyage... Maxime s'est fait piquer son appareil photo ! Ainsi que toute ses affaires d'ailleurs, c'est pourquoi on n'a presque pas de photos pour ce coup-ci... Cléa a chopé une dysenterie, une bonne bactérie intestinale, et a dû aller chez le médecin. Même que sur wikipedia, ils disent que le roi Dagobert est mort de ça, pourtant elle n'avait pas mis sa culotte à l'envers! Pour la faire partir, il lui a fallu faire une diète d'une semaine. Pas facile, mais reprendre à manger fut un bonheur incroyable !


Sinon, cohabitation avec un Américain oblige, nous sommes allés voir la finale du Superbowl avec bière et pizza XXL, pour parfaire le cliché !





(1) Les pâturages sont composés ici d'une herbe ressemblant à un gros chiendent et originaire d'Afrique qui colonisée presque toutes les zones montagneuses du pays. En effet elle est très bien adaptée aux périodes de sécheresse, au climat de montagne ainsi qu'au piétinement.


(2) Ces deux phénomènes interviennent par intermittences, environ tous les quatre ans, apportant successivement période de sécheresse (la Niña) et d'humidité (El Niño).

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